Revue de gestion du personnel médical et hospitalier des établissements de santé

EDITORIAL

La place réelle du personnel administratif dans les effectifs du personnel de l’hôpital public

 

Paul HERNU

Conseiller maître honoraire de la Cour des comptes

Il est difficile de combattre les idées reçues, surtout lorsqu'elles servent les thèses de certains cercles politico-médiatiques englobant les hôpitaux publics dans ce qu'ils dénoncent être le poids de l'administration administrante du fait de l'enfer des normes, de la bureaucratie et de la charge de nos dépenses publiques.

Dans un article de la revue Santé RH de janvier 2022, était déjà dénoncée cette accusation fausse d'une sur-administration de l'hôpital public. Il y était précisé que, dans le total des effectifs d'agents en 2019, selon les données de la DREES publiées en 2021, le personnel administratif ne comptait que pour 10 %, soit un pourcentage légèrement plus faible qu'en 2013 où il s'élevait à 10,1 %. Mais pour fonder leur accusation, ses auteurs se référaient aux statistiques du panorama de la santé publié par l'OCDE en 2021, selon lesquelles la part du personnel non-soignant représentait 34 % des effectifs totaux des hôpitaux français, contre 25 % en Allemagne, 26 % en Italie et 24 % en Espagne.

Depuis, cette comparaison continue à inspirer lesdits auteurs. Ce faisant, ils commettent une double erreur. D'une part, les données sur lesquelles ils se fondent mêlent les emplois des hôpitaux publics et des hôpitaux privés et, d'autre part et surtout, ils mélangent les types d'emplois au sein de la catégorie des personnels non soignants. En effet, cette dernière comprend, à la fois, les emplois de personnel administratif, à côté d'autres emplois de personnels non soignants, tels le personnel éducatif et social, le personnel médico-technique et le personnel technique et ouvrier. En 2022, toujours selon les données de la DREES, il apparaît que, dans la catégorie des personnels non soignants, la part du personnel administratif dans le total des effectifs de l'hôpital public n'a guère augmenté, en passant de 10 % en 2019 à 10,6 % en 2022, celle des autres personnels non soignants passant de 16 % en 2019 à 16,2 % en 2022, soit un total de 26 % en 2019 contre 26,8 % en 2022 pour le total de la part des personnels non soignants, celle du total des personnels soignants diminuant légèrement en passant de 74 % en 2019 à 73,2 % en 2022.

La « sur-administration » de l'hôpital public, visant spécifiquement les emplois de la filière administrative, continue donc d'être un mythe et, plus largement, la place occupée par l'ensemble du personnel non soignant ne mériterait pas d'être dénoncée, qu'il s'agisse des emplois administratifs ou des autres emplois. Ces derniers, en effet, ne sauraient être visés par le reproche d'une bureaucratisation et d'une complexification insupportables de la gestion de l'hôpital, puisqu'ils concourent à l'accompagnement psychologique ou social des patients, ainsi qu'à la logistique, au fonctionnement et à la maintenance des équipements.

Quant à la place et au rôle des agents administratifs, ils mériteraient d'être évalués et appréciés avec des données exactes et plus objectives. Est-ce que 10,6 % des effectifs consacrés à la gestion administrative constituent un pourcentage excessif si l'on veut continuer à faire face à la complexité de cette gestion, tout en assurant la qualité des relations et de la communication, en interne avec les personnels soignants et, en externe, avec les usagers de l'hôpital ?

 
Au sommaireN°184
Juillet 2025

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